Thursday, July 8, 2010

La MBC et sa dixième Coupe du Monde

Un événement dans un événement

La MBC et sa dixième Coupe du Monde


En cette période de fin de la Coupe du Monde, édition 2010, nombreux sont ceux qui se demandent laquelle des deux équipes finalistes, L’Espagne et La Hollande, remportera cette coupe. La majorité des Mauriciens regardent cet événement planétaire pendant un mois à la télévision en direct. Les soixante-quatre rencontres nous sont offertes par la télévision nationale, la MBC, par le biais d’une retransmission satellitaire; la « African Union Broadcasting », pour cette présente édition.

Le suspense prendra fin après les quatre-vingt dix minutes ou encore les prolongations et on verra brandir le trophée par un capitaine Européen. Cependant, la Coupe du Monde et la MBC célèbrent eux aussi une communion qui dure depuis trente-six ans déjà et le comble dans tout ça c’est la dixième édition de la Coupe du Monde télévisée continuellement depuis 1974.

En 1974, les rencontres de la Coupe du Monde seront diffusées pour la toute première fois à la télévision en direct. Le premier match opposera le tenant du trophée 1970, le Brésil face à la Pologne. Ce sera un match nul et les Mauriciens qui espéraient voir le roi Pelé à la télévision seront déçus. En effet, Pelé a déjà quitté le monde du football et ce sont ses collègues qui soutiennent encore la « Seleçao » auriverde dont les Paulo Cesar, Jairzhino, Claudolado, entre autres. La couleur n’existait pas à l’époque et on devinait les maillots des équipes de par les articles de presse citant la Hollande comme une équipe Orange. Sinon, pour faire bien vivre les matches, les équipes se distinguent par des contrastes, soit le blanc ou le noir.

1974 sera aussi l’année où la Coupe Fifa est présentée pour la toute première fois en remplacement du trophée Jules Rimet déjà réclamé par le Brésil. Organisé en Allemagne de l’Ouest (RFA), les Allemands partent favoris et atteindront la finale face à la Hollande. On retiendra des noms comme Frantz Beckenbauer, Johann Cruyjff, Gerd Müller, Paul Breitner, Johann Neeskens, Billy Bremner, Günter Netzer comme les grands bonhommes de ce premier Mondial télévisé à Maurice.

La finale sera de toute beauté et est diffusée vers les vingt heures rassemblant ainsi tous les mordus du ballon rond. L’animateur de plateau de l’époque est Alain l’Homme qui commente aussi, à la radio, les exploits de Strident et d’Epic, deux excellents chevaux, au Champ de Mars. Si la RFA remporte la finale, il y restera quand même beaucoup d’admirateurs et surtout des admiratrices très « yéyé »pour Johann Cruyjff, le long blond aux yeux bleus raconté par les présentateurs mais toujours vu en noir et blanc.

L’après 1974

Cette association de la MBC et la Coupe du Monde se poursuivra de façon continue. En 1978, la télévision est bien armée pour accueillir le Mondial organisé en Argentine. On entend les noms comme Mar del Plata et River Plate, comme stades et joyaux de l’Argentine. Là, les Kempes, Ardiles, Passarella se mesureront face à la Hollande qui prétend que cette fois ci, on jouera « sans les femmes ». Cependant, les Argentins sont tellement bons qu’ils remporteront le tournoi pour la toute première fois.

En 1982, année du premier 60-0, Jean Roland Delaître, premier directeur de la MBC depuis l’Indépendance, offre aux téléspectateurs le premier cadeau 100% foot avant son départ. Les cinquante-deux rencontres sont offertes en direct avec une première participation de vingt-quatre équipes. L’Afrique, très absente de cette compétition, s’offre aussi un beau palmarès. Le Cameroun passe le premier tour sans défaite mais quitte le tournoi avec son gardien « marabout », Joseph Nkono.

Entre ces événements majeurs, les lecteurs du « Mauricien » suivent le coverage du Mondial par « Week-End Sports Magazine », le seul hebdomadaire sportif du pays qui est publié chaque mercredi. De temps à autre, ce journal nous offre des posters des équipes en noir et blanc.

La télé privée et le Mondial

La télévision nationale poursuivra ses efforts et se verra confronter pour la toute première fois par la télévision privée en 1998 au temps où la France organise son Mondial. C’est aussi le moment où le monopole de la télédiffusion prend fin car ce sont les Français de « Canal + » avec le regretté Thierry Gillardi et Jean-Michel Larqué qui offrent aussi des prestations fort remarquables. Toutefois, les chaînes privées sont à leurs premiers balbutiements et n’ont que dix mille abonnés par rapport à la masse critique qui reste fidèle à la MBC.

En 2005, le gouvernement élu poursuit sa politique de développement télévisuel et propose la télé numérique terrestre (TNT). En 2006, pour la première fois, les Mauriciens abonnés à la télévision publique s’offrent le luxe de voir le Mondial « Made in Germany », cette fois réunie, en qualité numérique. Les images sont meilleures que celles de l’analogue et les interférences hertziennes se font rares.

Cette année–ci la télévision nationale est restée fidèle à son habitude en offrant la quasi-totalité des matches en direct. Cependant, la technologie télévisuelle pousse un autre pion qu’est l’image de haute définition offerte par « Canal + » et « Parabole Maurice » avec son partenaire DSTV.

Le Mondial, un brin de philosophie

Au milieu de toute cette brève chronologie, nous retiendrons quelques faits saillants. Comme par exemple, les Mauriciens découvriront Maradona et sa fameuse main de Dieu en 1986, la danse de Roger Milla du Cameroun en 1990, les petits pas très discrets mais décisifs de Paolo Rossi en 1982, l’initiation des Américains au « football soccer » en 1994, la Coupe du Monde jouée dans deux pays, le Japon et la Corée du Sud en 2002, les pleurs de Maradona en 1990 après la défaite de son équipe face à l’Allemagne, la tête de Zinedine Zidane en 2006 et, finalement, une pieuvre qui fait des pronostics très mesurés en cette édition 2010.

Ainsi, ça fait bien dix Coupes du Monde en direct depuis trente-six ans. Que reste-t-il comme plus beau souvenir si ce n’est que le « Kaiser » Beckenbauer qui brandit le trophée FIFA que nous regardions en noir et blanc, une froide soirée des années 70, tantôt assis sur une natte tantôt debout pour applaudir en famille très nombreuse. En cette dixième édition, la Hollande revient sans l’Allemagne. Parfois, ce n’est pas très modeste de dire merci à la télévision nationale pour sa dixième édition de la Coupe du Monde et, souhaitons que cet amour du foot total dure ! Peut être en haute définition la prochaine fois sans trop déroger la suprématie des images noir et blanc qui ne s’évanouiront jamais.

Nirmal Kumar BETCHOO

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